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Histoire

Camille Ninel : “Je suis un cas” (archive hiver 2013)

Camille Ninel, 84 ans, est l’un des derniers survivants lyonnais du premier derby de l’histoire entre Lyon et Saint-Etienne, disputé le 28 octobre 1951. Quatre ans plus tard, il sera aussi l’unique buteur de la première victoire de l’OL à Geoffroy-Guichard. Il raconte les premières années de l’Olympique lyonnais.

Vous êtes né le 23 mars 1928 à Fort-de-France en Martinique, c’est bien ça ?
Camille Ninel : Oui, monsieur ! J’ai grandi dans le quartier des Terres Sainville où j’ai été élevé par ma mère, Amanthe, avec mes sept frères et sœurs, trois filles et quatre garçons. J’étais le 7e. Mon arrière-grand-père était un esclave. J’ai grandi dans une case de deux pièces. Les filles couchaient avec maman dans la chambre. Et nous les garçons, dans la salle à manger, sur un matelas où on dormait les orteils des uns dans les narines des autres !
Une famille très pauvre donc ?
Non, pas vraiment. C’était comme ça, avant… On n’avait pas d’eau ni d’électricité par exemple. Maman était femme de chambre dans un hôtel. Je suis allé à l’école et, vers 18 ans, j’ai servi dans une pharmacie, mais le pharmacien était jaloux de moi.
Pourquoi ?
Parce que certaines clientes refusaient de se faire servir si je n’étais pas là !
Vous plaisiez aux clientes, quoi !
Voilà ! Ensuite je suis parti travailler au service comptabilité d’une compagnie acheminant les régimes de bananes récoltés en Martinique jusqu’aux bateaux partant pour la France. J’arrivais à 6 h du matin et je terminais parfois à 9 h le soir.
Et comment vous commencez le football ?
Vers 9 ans. D’abord avec les copains, puis j’ai intégré le club de mon quartier, l’Aigle sportif de Sainville. Et dès l’âge de 15 ans, je jouais avec les Seniors.
Parce que les éducateurs vous trouvaient très doué ?
Mais on n’avait pas d’éducateurs ! Comme entraînement, ...




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